Vals de Saintonge : 223 éoliennes si on laisse faire !



Depuis 2014, l'arrondissement de Saint-Jean d'Angély dépend de la Communauté de Communes des "Vals de Saintonge". C'est l'arrondissement le moins peuplé de Charente-Maritime. Et, comme par hasard, le plus peuplé en éoliennes ! La défiguration éolienne progressive du secteur préfigure ce qui arrivera aux autres arrondissements de Charente-Maritime si nous laissons faire.
Par Alban Boigeol.

Des chiffres qui donnent le vertige

En 2004, six premières éoliennes sont plantées à Saint Crépin. En 2010, 24 mats sont actifs. En 2021, l'Observatoire départemental de l'éolien compte 68 éoliennes et 72 à venir, tout recours expurgés. Soit 140 mats qui hérisseront inéluctablement le paysage. En ajoutant les projets instruits par le préfet ou en cours de développement dans les communes, on arrive à 223 aérogénérateurs ! Sans compter les 47 machines pour lesquels un bras de fer en justice se joue entre des associations locales courageuses et des industriels en majorité étrangers.  

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?

Le terrain a été balisé pour favoriser les promoteurs. Comme le récent "Sraddet" de la nouvelle région Aquitaine (2020) n'impose aucune répartition équilibrée des éoliennes, on laisse faire sur la base de schémas d'orientation qui ne sont plus juridiquement opposables ! En effet, les ZDE (Zone de Développement de l'éolien) sont supprimés depuis 2015, le SRE ( Schéma Régional Eolien) a été abrogé en 2017. Mais les promoteurs s'attaquent aux communes déjà identifiées sur ces schémas. Contrairement à ce que la logique élémentaire voudrait, le vent n'est en rien le critère prédominant. Car la carte des vents du SRE est formelle : les vents les plus forts ne soufflent pas à l'intérieur des terres mais sur les îles (Oléron et Ré) et sur l'étroite bande littorale :  En mer et là où des stations balnéaires drainent la majorité de la population et des touristes. Alors on choisit de monter des éoliennes aux lieux exacts où les habitants sont les moins nombreux et les moins susceptibles de réagir massivement !

Les conséquences.

Résultat : les éoliennes sont de plus en plus hautes et de plus en plus nombreuses pour capter les vents 'faibles à modérés " du secteur. Dominique Bussereau, président du Département, s'indigne que les promoteurs éoliens se comportent "comme des cow-boys dans le Far West" en harcelant propriétaires terriens et communes. Dès qu'un maire accepte de discuter avec des promoteurs, les projets pleuvent : Villeneuve-La- Comtesse, malgré son château médiéval et une association anti-éolienne combative, verra 18 éoliennes autour du village. Idem autour de Matha, Aulnay et vers Surgères. Les communes impactées perdent des habitants. Ainsi à Bignay, village champêtre autrefois très prisé : depuis 2014 et l'arrivée des machines géantes 10 % de la population s'est évaporée. Remplacée par une zone industrielle à ciel ouvert accentuée par de nouveaux mats plantés sur Archingeay et Les Nouillers.

Un espoir ? 

Dans ces conditions, même les plus fervents défenseurs de l'éolien réfléchissent. La Maire de Saint-Jean d'Angély, Françoise Mesnard, se voulait aux côtés de Ségolène Royal pour promouvoir l'éolien. Depuis, elle déclare que "Trop, c'est trop". Le Préfet Nicolas Basselier, venu du département de l'Aisne où pendant 5 ans il valida de nombreux parcs éoliens, refuse depuis peu certains parcs aux motifs de saturation du paysage (Bernay-Saint_Martin et Vervant-Les Eglises d'Argenteuil).
Dominique Bussereau a lancé un bras de fer avec l'Etat en attaquant au nom du département toutes les décisions favorables de la préfecture.
La population enfin, qui rejette les projets à une majorité écrasante en déposant une moyenne de 92 % d'observations défavorables lors des enquêtes publiques. Et même à 100 % défavorables actuellement lors de l'enquête en cours à La Jarrie-Audouin...